8 Mars 2022 – Le Programme ECOFAC6 célèbre le rôle des femmes dans la protection des écosystèmes fragiles
Plus de quatre décennies après son officialisation en 1977 par les Nations Unies, la Journée internationale des Droits des femmes, célébrée le 8 Mars, reste d’actualité. Cette journée met en lumière les luttes initiatives actuelles dans le monde pour continuer d’améliorer l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, ce dans toutes les sphères : économiques, publiques et privées.
Depuis toujours, les femmes s’en chargent de la subsistance de leurs familles, en gérant et utilisant judicieusement les ressources naturelles. Dans leur triple rôle, de productrices, consommatrices et parce qu’elles prennent soin de leurs familles, les femmes sont des acteurs majeurs de la protection de l’environnement, notamment en Afrique. Elles portent sur leurs épaule la qualité de vie pour les générations présentes et à venir, ainsi que l’éducation des enfants. Les femmes, moteur de la société, ont une place centrale dans l’adoption à l’échelle sociétale de modes de production et consommation durables, de gestion raisonnable.
Au fil du temps, avec une accélération les dernières années, l’humanité a pris conscience de l’épuisement des ressources de la nature, de la dégradation des écosystèmes et la disparition des espèces. La protection des écosystèmes fragile, au cœur de l’intervention du Programme régional ECOFAC6, est donc intrinsèquement liée au rôle et l’action des Femmes dans la société africaine.
Droits des Femmes et Protection des Ecosystèmes
En 2022 et comme chaque 8 Mars, une thématique est choisie par les Nations Unies pour promouvoir les combats menés pour les Droits des Femmes. Dans un contexte de changement climatique, le thème de cette année est « Une égalité aujourd’hui pour un avenir durable » - ceci « en reconnaissance des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation, en faveur d’un avenir plus durable » pour toutes et tous. Il est en effet reconnu que les femmes, les filles ainsi que d’autres groupes vulnérables, sont à la fois les personnes les plus touchées par les changements climatiques mais aussi des actrices clés de la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles.
Si le rôle des femmes dans l’atténuation du changement climatique est essentiel, leur impact et les moyens d’action à leur disposition pour contribuer à la protection des ressources et de l’environnement (comme les écosystèmes en milieu forestier) se heurtent comme dans d’autres domaines à des inégalités multiples touchant notamment : les rôles et les responsabilités sexo-spécifiques de chaque membre des communautés et organisations, les droits d’accès à la terre et aux soutiens financiers, leur place dans les instances de gouvernance et de prise de décision, ainsi que de nombreux facteurs culturels et sociaux. Les problématiques de violence basées sur le genre jouent également leur rôle dans le maintien des inégalités et la participation limitée des femmes aux prises de décision.
Au niveau mondial, les femmes représentent un quart des travailleurs dans le secteur forestier
Elles dépendent des forêts pour leur subsistance, et contribuent à la récolte et à la commercialisation des produits non ligneux issus des forêts. Les types de produits, les étapes dans les processus et les lieux investis par les hommes et les femmes dans les forêts ne sont pour autant pas les mêmes.
Sur le plan de la participation des femmes dans les instances de décision pour les politiques environnementales, une étude menée par IUCN en 2020, démontre que seulement 15% des postes à haut niveau dans les ministères liés au domaine environnemental sont occupés par des femmes. Or, la présence des femmes dans les instances de gouvernance est bien souvent un facteur clé pour la prise en compte du genre dans les programmes, et pour la mise en place de mécanismes et d’activités qui mesurent le rôle et les contributions des femmes dans la conservation de la biodiversité.
Les femmes ont un rôle de productrices, consommatrices et de prennent soin de leurs foyers : parce que la responsabilité majeure de subvenir aux besoins du foyer pèse sur les épaules des femmes, celles-ci engagent en grande partie les tendances de consommation. Ceci les place donc au cœur des processus de changement et d’adoption de nouveaux modes de production et de consommation. Elles occupent également une place fondamentale dans la sensibilisation et l’adoption d’utilisation et de gestion durable des ressources naturelles.
La protection des écosystèmes fragiles, au cœur de l’intervention du Programme régional ECOFAC6 de l’UE et de la CEEAC , est intrinsèquement liée au rôle et à l’action des Femmes
Au sein des projets portés par le Programme régional ECOFAC6, des rôles divers sont occupés par les femmes : Eco-gardes, techniciennes, gestionnaires de projet, scientifiques ou employées administratives.
Plus spécifiquement, les multiples activités d’ECOFAC déployées dans ses sept pays partenaires, voient les femmes au sein des communautés bénéficiaires agir au premier plan pour la valorisation des ressources de la biodiversité en périphérie des aires protégées, souvent via les activités génératrices de revenus. Les différentes actions conduites par ECOFAC6 contribuent également à renforcer certains services de base, notamment de santé, dans les périphéries des aires protégées, souvent enclavées, où les services de base fournis par l’État restent discrets. Les femmes jouent donc un rôle clé dans ce domaine sanitaire.
Bien que minoritaires, les femmes s’impliquent aussi de plus en plus dans les métiers de la conservation, dans la recherche scientifique par exemple, mais aussi dans la surveillance, avec un nombre, encore limité mais croissant, de femmes écogardes actives sur le terrain. Elles sont également présentes dans les promotions des écoles professionnelles qui préparent aux métiers de la conservation. Elle contribue activement aux efforts en matière d’éducation environnementale, et de préservation et transmission du patrimoine culturel. Il faut enfin rappeler que les femmes jouent un rôle de sentinelle dans l’identification précoce de la dégradation des différents services écologiques, notamment de régulation et de production.
Un accès renforcé à l’éducation, un rééquilibrage dans le partage des bénéfices issus de la conservation de la biodiversité, et une meilleure participation au sein des instances de gouvernement local et de décision, sont des facteurs décisifs qui peuvent favoriser une plus grande implication des femmes à tous les niveaux de la conservation, notamment en appui aux services de collectivité. Il est également nécessaire de procéder à une analyse approfondie de ces interactions entre la préservation des écosystèmes et de la biodiversité en Afrique Centrale, et le rôle des femmes et groupes vulnérables ; car comme le mentionne la stratégie sous-régionale sur le Genre de la COMIFAC (2018), « la compréhension des rôles et des responsabilités, notamment de la dimension du genre dans la gestion durable des écosystèmes forestiers, est un point de départ pour mettre fin à la dégradation de l’environnement, et le début de la réduction de la pauvreté ».
On peut considérer que les femmes sont aujourd’hui activement impliquées dans plus d’un tiers des actions de conservation portées par ECOFAC6, et qu’une nette évolution est en cours dans le but d’accroître leur participation active et autonome. Cette dimension essentielle dans les stratégies conservation devra être l’objet avant la fin de l’année 2022 d’un effort de capitalisation spécifique, qui permettra d’améliorer, au travers des leçons apprises, les performances des interventions futures dans le domaine du genre.
Pour rappel, le Programme régional ECOFAC est co-financé par l’Union Européenne et mis en œuvre avec l’appui de la CEEAC.