L’intelligence artificielle à la rescousse de la biodiversité
Grâce au Programme européen ECOFAC6, la conservation en Afrique Centrale entre dans une nouvelle ère
Passer de plusieurs mois d’analyse des images à quelque jours. Voici l’extraordinaire performance atteinte par une équipe de chercheurs gabonais et internationaux de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux – ANPN (Gabon), Panthera Corp., l’Université de Stirling (Ecosse) et Appsilon Machine Learning Solutions (Pologne).
Pendant deux ans, cette équipe scientifique a travaillé sur ce projet, co-financé par l’UE, à travers le Programme régional ECOFAC6. D’abord, des données d’entraînement pour l’intelligence artificielle ont été récoltées à partir de nombreuses sources (1,6 million d’images), puis un an a été nécessaire pour développer les algorithmes et les logiciels.
« Nous pouvons désormais analyser jusqu’à 2000 images par heure. Pour le projet de biomonitoring du Parc de la Lope-Waka (Gabon), nous avons analysé plus de 50.000 images (provenant de 200 caméras) en seulement une semaine. Avant, cela aurait pris plusieurs mois. Aussi, le logiciel peut être utilisé par toutes personnes avec un laptop, mais les outils similaires précédents nécessitaient une expertise en coding. Ce n’est plus le cas c’est très simple d’utiliser. Il suffit de le télécharger, cliquer sur les dossiers des images et les analyser », nous précise dr. Robin Whytock, coordinateur de l’équipe avec son collègue Momboua Brice Roxan, de l’ANPN.
C’est en effet quelque chose qui rend unique au monde le nouveau logiciel, baptisé Mbaza IA. Il est aisé d’utilisation y compris pour des personnes ayant moins de qualifications informatiques. L’entrée des nouvelles technologies dans le domaine de la conservation se fait donc par la grande porte, vu l’accessibilité du logiciel et aussi, sa gratuité. L’équipe le met à disposition de tout utilisateur de spécialité et forme déjà à son utilisation des personnes du Congo, du Cameroun et de la République centrafricaine.
ECOFAC6 soutient cet inédit projet de conception de puissants algorithmes d’intelligence artificielle, pour assurer le suivi de la faune au niveau nationale et également, dans toute l’Afrique centrale. Ce novateur logiciel AI permet aux experts de gagner un temps considérable. Il peut identifier aussi 26 espèces de mammifères et d’oiseaux forestiers, dont des éléphants, des gorilles, des antilopes, des singes et des léopards. Les spécialistes utilisent souvent des caméras séquentielles pour surveiller les animaux en forêt. Ces caméras AI peuvent prendre des milliers, voire des millions de photos. Il faut parfois des mois pour examiner la moindre image, identifier les animaux et analyser les données.
Le Professeur Lee WHITE, Ministre de l’Environnement du Gabon précise : « La nouvelle technologie améliorera considérablement la façon dont nous protégeons la faune du Gabon et d’importance mondiale. On envisage de créer un réseau national de cameras séquentielles pour assurer le suivi de la faune. L’engagement de l’Union Européenne (UE) à cofinancer cette recherche aide le Gabon à optimiser ses efforts en matière de conservation de la biodiversité ». Ce travail a été principalement financé par le gouvernement gabonais et le programme ECOFAC6 du 11ème Fonds Européen de Développement (FED) de l’UE.
L’équipe de chercheurs est enthousiaste et dit avoir été extrêmement gratifiant de travailler avec une équipe internationale sur ce projet. Le logiciel aidera les défenseurs de l’environnement du Gabon et d’Afrique centrale à tirer le meilleur parti de technologies telles que les caméra pièges pour surveiller la biodiversité.